Les océans et mers épicontinentales couvrent 71 % de la surface terrestre et constituent une grande diversité d’écosystèmes dont certains parmi les plus productifs se trouvent dans les mers bordières, les zones côtières et littorales et les zones de transition entre le milieu marin et les milieux terrestres : estuaires, baies, lagunes et lagons. Ces zones sont fortement impactées par le changement climatique et plus largement depuis le début du siècle dernier par un ensemble de facteurs liés à l’action de l’Homme sur les écosystèmes.
Le dernier rapport du GIEC ( IPCC_AR6_WGI_SPM_final.pdf ) confirme sans équivoque l’influence des activités humaines sur le changement climatique. La température à la surface du globe a augmenté plus rapidement depuis 1970 que durant toute autre période de 50 ans au cours des 2 000 dernières années. Au niveau mondial, le niveau moyen de la mer s’est élevé plus rapidement depuis 1900 que durant tout autre siècle depuis au moins 3 000 années. La température de l’océan mondial s’est accrue plus rapidement au cours du siècle dernier que depuis la dernière transition glaciaire, il y a de cela 18 000 ans. L’action de l’homme a provoqué l’accroissement du risque d’évènements extrêmes : vagues de chaleur et sécheresses avec apparition d’incendies de grandes ampleurs dans de nombreuses régions du globe, inondations fréquentes et fortes. Ces changements affectent non seulement les écosystèmes terrestres, mais aussi les écosystèmes aquatiques. Le seuil de réchauffement de 1,5°C pourrait être atteint dès 2030. La répercussion de ce changement climatique très rapide, sur l’élévation du niveau de la mer, sur l’augmentation de la température des océans et mers côtières, sur l’acidification des eaux marines, sur l’intrusion plus profonde des eaux marines dans les zones de transition entre écosystèmes marins et terrestres, sur les apports d’eau douce dans les zones côtières a un rôle prépondérant sur l’évolution des écosystèmes côtiers et littoraux indispensables au développement de nombreuses espèces marines.
Parallèlement le dernier rapport de l’IPBES (IPBES 2019 – Global Assessment Report on Biodiversity and Ecosystem Services | IPBES secretariat) montre que le changement climatique constitue une pression supplémentaire à la fragmentation des populations naturelles, des disparations locales d’espèces et d’habitats marins. Les modes d’exploitation des ressources terrestres et marines ; l’exploitation directe des organismes ; la pollution et l’introduction et l’invasion d’espèces non-indigènes constituent des facteurs de pression qui diminuent fortement la résilience des écosystèmes aux facteurs de changement.
Les mers épicontinentales ou semi fermées comme la Manche – mer du Nord, la Méditerranée ou bien encore la Mer intérieure de Seto au Japon sont des espaces d’intenses et diverses activités humaines.
Parmi les activités anthropiques communes à l’ensemble des zones littorales et côtières : activités traditionnelles comme la pêche et la conchyliculture, transports maritimes, installations industrialo-portuaires entraînant des zones de dragages et de dépôts de dragages, des pollutions industrielles et contamination des produits de la mer, des activités plus récentes se sont développées dans les zones littorales et côtières de l’ensemble des mers du monde : réseaux de communication (câbles sous-marins), extractions de granulats, tourisme et plaisance, énergies marines renouvelables (éolien et hydrolien).
Face à la hausse constante des pressions anthropiques auxquelles sont soumis les espaces estuariens, littoraux et marins depuis quelques années, il apparaît indispensable de développer une approche écosystémique prenant en compte les effets cumulés en mer des activités humaines. La mise en place d’une telle stratégie peut à la fois être justifiée par la spécificité de ces espaces marins et par les importants enjeux économiques, écologiques et patrimoniaux qui lient les territoires d’interfaces aux espaces côtiers. Sa mise en œuvre va du local au régional, à l’intérieur des pays et entre les pays qui bordent une mer commune.
Compte-tenu de nos modes de production et de consommation actuels l’évolution négative de la biodiversité et la dégradation des fonctions des écosystèmes ne peut que continuer et empirer. Seuls des scénarios incluant des modes d’exploitation et de consommation plus durables et responsables avec une minimisation des empreintes écologiques des différents usages et pas uniquement celui de la pêche doivent permettre de maintenir le bon état écologique des écosystèmes marins. Ainsi dans ce cadre du changement global, l’adaptation des communautés humaines et non-humaines aux modifications rapides de leurs environnements est l’un des défis importants du 21ème siècle.
Un autre défi est celui de la résolution des conflits d’usages et d’occupation de l’espace dans des mers épicontinentales : Manche, mer du Nord ou semi fermées comme la Méditerranée ou la mer intérieure de Seto au Japon par exemple. Entre autres activités, le développement d’énergies marines renouvelables pour diminuer la part des énergies fossiles dans notre mix énergétique au sein d’espaces maritimes déjà fortement convoités, aux côtés des zones traditionnelles de pêche artisanale, déjà bien affectée par la diminution de la productivité des zones côtières, est un des grands défis en matière de planification stratégique des espaces maritimes. Selon le terme désormais adopté, ‘l’économie bleue’ ne pourra se développer que dans la concertation entre tous les acteurs, particulièrement entre activités traditionnelles et émergentes, sur la base de connaissances multidisciplinaires pour être source d’innovations dans un espace fluide, totalement interconnecté et à trois dimensions.
Mots clés : Changement global, cumul d’activités anthropiques, zones côtières, littorales et de transition, biodiversité, modification des habitats et des connectivités entre écosystèmes, habitats naturels et artificiels, modifications des traits de côte, importances économiques et sociales des activités traditionnelles, minimisation des empreintes écologiques des usages, conflits d’usages et cohabitations entre activités traditionnelles et nouvelles (EMR en particulier).